En 2019, le syndicat des concessionnaires en machines agricoles fêtait ses 100 ans d’histoire. Un siècle d’évolution du machinisme agricole qui a modifié de manière spectaculaire l’ensemble des filières agricoles. Si dans un premier temps, elle a surtout permis d’augmenter la production, l’apparition des nouvelles technologies doit offrir une meilleure conduite des cultures et gestion des intrants.
Le développement du machinisme entraîne la professionnalisation de l’agriculteur
Après la seconde Guerre Mondiale, la situation alimentaire de la France est désastreuse. En 1952, le pays est importateur net de denrées alimentaires alors qu’il compte 2,3 millions d’exploitations agricoles ainsi que 6,2 millions d’emplois (31% des actifs).
L’évolution des machines agricoles, couplée à l’apparition de la chimie (engrais et produits phytosanitaires) et l’évolution génétique des semences, a permis de doubler la production agricole en moins d’un demi-siècle.
L’arrivée de la motorisation et l’augmentation de la capacité des outils agricoles ont augmenté les débits de chantier et réduit la pénibilité des travaux. La conséquence de cette évolution est la baisse du nombre d’exploitations agricoles (437 000 en 2016) mais une augmentation globale de la charge de travail (63 ha en moyenne).
Tandis que la profession bénéficiait d’une bonne image après-guerre parce qu’elle nourrissait le pays, elle est aujourd’hui victime de la défiance des consommateurs par rapport aux conditions de production (utilisation des intrants, conditions d’élevage…).
L’évolution des technologies numériques améliore maintenant la connaissance du couple sol-culture en lien avec la météo et ainsi la gestion des intrants.
L’innovation au service d’une production raisonnée
La question de l’alimentation dans le monde est un enjeu majeur au XXIème siècle. Les besoins alimentaires sont de plus en plus élevés (10 milliards d’habitants d’ici 2050) et les ressources agricoles (terre et eau) sont sur le déclin.
De plus, l’utilisation excessive de certains intrants a diminué la capacité à produire de certains sols (pollution, création résistance adventices, maladies…). Les agriculteurs doivent donc trouver le moyen de produire plus tout en ayant conscience du potentiel de leur sol.
Afin d’appliquer les intrants de manière plus raisonnée, les professionnels de l'agriculture ont développé différentes technologies. Dans un premier temps, l’apparition des systèmes GPS a permis de connaître la position exacte des engins dans la parcelle.
Les appareils de distribution d’engrais, les semoirs ainsi que les pulvérisateurs ont évolué avec la possibilité de moduler les doses d’application. Une fois le frein de l’application au champ levé, il ne restait plus qu’à développer des outils d’observations et des modèles agronomiques afin de créer des Outils d’Aide à la Décision (OAD).
Ces OAD qui permettent la création de cartes de modulation s'intéressent:
au sol avec des outils tels que les conductivimètres, les tarières, les analyses chimiques qui permettront ensuite de caractériser le sol (profondeur, texture, état chimique),
aux cultures avec des appareils de photo détection embarquées (satellites, drones…),
à la météo avec des stations météo intégrant des modèles de calcul avancés et proposant des relevés à l'échelle de la parcelle.
L’ensemble de ces solutions permet d’affiner la gestion des intrants pour apporter la bonne dose au bon endroit à la bonne période pour la culture. Ces réponses apportées aux problématiques agronomiques sont valables pour le semis (modulation densité), la fertilisation (modulation sur éléments majeurs N, P, K) et les traitements phytosanitaires (modulation dose, station météo pour intervenir au bon moment…). La prochaine étape devrait être la robotisation des outils agricoles.
Le développement de l’intelligence artificielle devrait permettre l’apparition de nouvelles techniques de désherbage avec la reconnaissance des adventices et l’élimination par voie chimique ou physique (binage). L’enjeu des années à venir est de rendre ces solutions plus universelles afin qu’elles se déploient dans toutes les exploitations agricoles.
L’intérêt est de taille pour l’ensemble du milieu agricole : il doit répondre à des problématiques agronomiques, économiques mais aussi sociétales avec pratiques respectueuses de l'environnement et innovantes afin de répondre au mieux à la demande du consommateur.
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